Lot 12 : 130000 €

Vente BANDES DESSINEES du 15-12-2019
Hergé : NEUJEAN (1923 - 2018) : Le monument Tintin et Milou en pieds, sculpture en bronze selon la technique dite « à la cire perdue », 1976, n°HC 1/1, 186 cm (avec socle), cachet de la fonderie Pinella de Andreïs et Figli à Milan sur la tranche du socle, signée Neujean Nat.
En 1947, «Les Amitiés Belgo - Françaises» firent appel à Nat Neujean pour réaliser un buste d'André Malraux. Connaissant l'admiration de Malraux pour Tintin, l'Ambassade de France conseilla à Neujean de se rendre chez Hergé. C'est à partir de cette date que se nouera entre le sculpteur et Hergé une amitié réciproque. Vers 1951, Hergé et les Editions du Lombard eurent l'idée de commercialiser des figurines en vinyle des personnages de Tintin avec la société de jouets pour enfants MIRIM. Ils proposèrent à Nat Neujean de réaliser les modèles en plâtre. A partir de dessins qu'Hergé lui avait fournis et après de nombreuses entrevues, Nat Neujean modela la première sculpture de Tintin de 20 cm de haut. Le père de Tintin et Milou fut très surpris du résultat : il découvrait pour la première fois son héros en trois dimensions ! Peu de temps après, Hergé commanda à Nat Neujean un buste de Tintin de 40 cm de haut, taillé en pierre de France. Celui-ci trônera fièrement sur le bureau d'Hergé à partir de 1954. En 1958 toujours à la demande d'Hergé, Nat Neujean réalisa son portrait en bronze.
En 1975, à l'occasion du 30e anniversaire du Journal Tintin, Raymond Leblanc (Directeur des Éditions du Lombard) et Guy Dessicy (Publiart) ont l'idée de faire une surprise de taille à Hergé : une statue en pied de Tintin et Milou de plus d'un mètre quatre-vingt ! Et c'est tout naturellement que sa réalisation fut confiée à Nat Neujean. Un mois sera nécessaire à Neujean pour réaliser l'œuvre finale de 180 cm de haut. Quant à Milou l'entreprise fut plus complexe, le modèle (le chien d'Alain Baran, secrétaire particulier d'Hergé) ne se montra pas très docile, mais Neujean tenait à avoir un vrai chien en face de lui, afin de donner à Milou une touche plus personnelle. Le compagnon de Tintin sera placé à côté de lui, mais tournera le dos à son maître témoignant de sa propre existence et de son indépendance. Le monument fut inauguré le 29 septembre 1976, en présence d'Hergé et de Nat Neujean, au parc du Wolvendael à Uccle. Après plusieurs tentatives de vol et de dégradations, le monument fut placé en lieu sûr au Centre Culturel d'Uccle, où l'œuvre peut toujours être admirée aujourd'hui.
Nat NEUJEAN (de son vrai nom Nathanaël Neuman) est né à Anvers le 5 janvier 1923 et décédé à Bruxelles le 4 février 2018. À 14 ans, il occupe un atelier à Anvers où il s'initie à la sculpture. Il est accepté comme élève libre à l'Académie des Beaux-Arts de cette ville, durant les années 1939 à 1942. En 1942, les autorités allemandes exigent l'expulsion des étudiants belges d'origine juive des lieux d'enseignement. Nat Neujean quitte Anvers et réside à Bruxelles où il travaille tout en vivant dans la clandestinité. Il prend, sur les conseils d'un ami résistant, le nom de Neujean. Après la guerre, il s'établit à Paris pendant les années 1946 et 1947, puis retourne à Bruxelles où il s'installe définitivement. C'est de cette époque que datent ses premières commandes et ses premiers portraits, parmi lesquels ceux d'Hergé, André Malraux et Ben Gourion. Fortement éprouvé par les horreurs de la deuxième guerre mondiale, il commence les études préliminaires à «la Mémoire de la Déportation» à laquelle il consacrera une grande partie de son œuvre. Les victimes de l'Holocauste resteront omniprésentes dans son travail, offrant une image bouleversante de ces figures fantomatiques, destinées à la destruction totale. Une première exposition à New York en 1964 est suivie d'une rétrospective au Musée des Beaux-Arts de Boston et d'une invitation à enseigner comme professeur étranger à la Fine Art School de l'Université de Boston. Par la suite, les sculptures de Nat Neujean seront exposées tout au long de la deuxième moitié du XXe siècle au travers les États-Unis, le Canada et l’Australie. La Belgique, les Pays-Bas, la France, l'Italie et l'Angleterre lui ont aussi consacré à de nombreuses reprises des expositions. Neujean est reconnu également comme portraitiste de personnalités tels que Paul Delvaux, Robert Schuman, Trammell Crow, Frank Stanton (Président de la Croix Rouge), Giacomo Manzu ou Henri Moore. Il est élu membre de l'Académie Royale de Belgique en 1972, et directeur de sa classe en 1978. Il est élu membre correspondant de l'Accademia Nazionale di San Luca di Roma en 1995. Nat Neujean travailla depuis 1955 exclusivement avec la Fonderie De Andreis à Milan.
Lot 1 : 440000 €

Vente Fernand Khnopff, Portrait d'Yvonne Suys, 1890 du 18-01-2024
Fernand KHNOPFF (1858-1921)
Portrait d’Yvonne Suys, 1890
Huile sur panneau
Signé en bas vers la droite: "FERNAND KHNOPFF"
72,1 x 47,9 cm
Provenance:
- Collection M. Albert Sarens et Mme Yvonne Suys, Bruxelles
- Collection particulière, Bruxelles (transmis par descendance)
Exposition:
Bruxelles, "Fernand Khnopff et ses rapports avec la Sécession viennoise", Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, du 2 octobre au 6 décembre 1987 (cat. p.46 reproduit en couleurs, p.115 reproduit, n°25)
Porte l'étiquette au dos du panneau.
Bibliographie:
- Louis Dumont-Wilden, Fernand Khnopff, Collection des Artistes belges contemporains, Bruxelles, Librairie Nationale d’Art et d’Histoire - G. Van Oest & Cie, 1907, p.71
- X, Fernand Khnopff, in Notices Biographiques et Bibliographiques, concernant les Membres, les Correspondants et les Associés, 1907-1909, Bruxelles, Académie Royale de Belgique, 1909, p.753
- Maria Biermé, Les Artistes de la Pensée et du Sentiment, Bruxelles, Editions de la Belgique Artistique et Littéraire, 1911, p.2
- Paul Lambotte, Les Peintres de Portraits (collection de l’Art belge au XIXe Siècle), Bruxelles - Paris, Librairie Nationale d’Art et d’Histoire - G. Van Oest & Cie, 1913, p.126.
- Jean Delville, Notice sur Fernand Fernand Khnopff, in Annuaire de l’Académie Royale des Sciences, Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1925, 91e année, p.24
- Gustave Deltour, Fernand Khnopff Artiste - Peintre, in La Belgique d’Aujourd’hui, Berlin - Charlottenburg, Adolf Eckstein, s.d., p. non num.
- Robert L. Delevoy, Catherine de Croës, Gisèle Ollinger-Zinque, Fernand Khnopff Catalogue de l'oeuvre, Lebeer-Hossmann, Bruxelles, 1987, n°150, p.255 (reproduit)
- Michel Draguet, Khnopff ou l'ambigu poétique, Snoeck-Ducaju & Zoon, Crédit Communal, 1995, n°96, pp. 85, 88 (reproduit), 89
- Michel Draguet, Portrait of Jeanne Kéfer, Getty Museum Studies on Art, Los Angeles, 2004, pp. 71, 74, 77, 78, 79 (reproduit)
- Thierry Scaillet, Dorothée Schneider, Histoire de la famille Dupret 17e-20e siècle - En affaires et en politique, de Ath à Bruxelles, 2019, p.267-268 (reproduit)
(Note de l’expert: Les informations d’ordre historique au sujet de la représentation des enfants sont à recontextualiser dans l’Europe de la fin du XIXe, la pensée et les usages relatifs à l’enfance et l’âge adulte étaient bien différents de notre époque.)
Yvonne Suys:
Yvonne Suys est née à Bruxelles en 1883. Elle était la petite-fille de Léon-Pierre Suys (1823-1887) célèbre architecte bruxellois, à qui on doit notamment les Thermes de Spa, le Palais de la Bourse et le voûtement de la Senne à Bruxelles. Elle était la fille de Paul Suys (1855-1886) et Anna Rittweger (1862-1893) et se maria en 1904 avec Albert Sarens (1878-1922). Le couple fit construire en 1907 un hôtel particulier au 72 de l’Avenue de Tervueren à Bruxelles (l’actuel Hôtel Sarens-Suys, aujourd’hui siège bruxellois de la Banque Delen). Le couple Sarens-Suys possédait une importante collection de peintures, notamment des oeuvres de Jan Brueghel, Louis Artan, Eugène Laermans, Gustave Courbet, Alfred Stevens ou encore Pierre-Paul Rubens. Yvonne décéda en 1925 à Etterbeek à l’âge de 41 ans.
Derrière l’enfant, la femme:
Fernand KHNOPFF était un portraitiste réputé. Il expose son premier portrait d’enfant en 1884 à l’occasion de l’exposition des XX. En 1890, il réalise celui d’Yvonne Suys, alors âgée de 7 ans, d’après photo (aujourd’hui conservée aux Archives de la Ville de Bruxelles). Les portraits d’enfants les plus connus réalisés par Khnopff: le portrait de Mademoiselle Van der Hecht en 1883 (D.C/O.Z. n°54, MRBAB inv.3980), le portrait de Jeanne Kéfer en 1885 (D.C/O.Z. n°82, Getty Museum inv.97.PA.35), le portrait de Simone Héger en 1885 (D.C/O.Z. n°73), le portrait de Gabrielle Braun en 1886 (D.C/O.Z. n°92) et le portrait d’Eugénie Verhaeren en 1888 (D.C/O.Z. n°107). En 1890, Khnopff réalise les portraits d’autres enfants comme: Jeanne de Bauer, Albert Braun, Robert Vanderborght, Jules Philippson. Ces enfants, peints par Khnopff, sont habituellement vêtus sobrement, et plutôt habillés comme des poupées. On remarque cependant que pour les portraits de la petite Germaine Wiener (réalisé en 1893, MRBAB inv.10948) et de la petite Yvonne Suys, leurs toilettes ressemblent moins à ceux d’une fillette qu’à ceux d’une femme.
Le portrait d’Yvonne Suys est le premier portrait de Khnopff dans lequel figure une fleur. Depuis la Renaissance, la fleur tenue par une jeune fille symbolise la virginité, souvent sur le point d’être proposée. Khnopff s’inscrit ici dans une longue tradition iconographique. Cet iris, symbole de féminité depuis l’Antiquité grecque, est après la fillette, le personnage principal de notre tableau. Par ailleurs, sa couleur rouge sang nous renvoie aux menstruations, c’est à dire à l’âge de la puberté lorsque l’enfant devient femme. Ce passage à l’âge adulte au moment des premières règles est d’autant plus marqué et important au XIXe siècle.
Yvonne Suys porte ici deux bijoux et tient dans sa main droite une paire de gants. Ils sont au XIXe des symboles forts de féminité et des marqueurs de rang social. Cependant, le bracelet porté au poignet droit (vraisemblablement un bracelet jonc) mérite attention. Ce type de bracelet était, au XIXe siècle, un bracelet venant remplacer le petit bracelet ou bracelet gourmette reçue dans l’enfance. Ce bijou nous renvoie donc lui aussi au passage vers l’âge adulte chez la fillette.
Le manteau en velours vert bordé de fourrure, porté par Yvonne Suys n’est pas un manteau d’enfant mais de femme. Il évoque un statut social élevé par la préciosité de ses matières. Khnopff, n’étant pas un peintre de la couleur, utilise celle-ci généralement pour véhiculer une idée par le symbole. En effet, traditionnellement le vert symbolise l’amour, la fertilité et l’espérance. Ces trois concepts sont, au XIXe siècle, tout ce que des parents souhaitent pour leur fille à l’entrée vers l’âge adulte. Ce portrait est presque une prière pour un bon futur mariage.
Selon Michel Draguet, ici « le portrait d’enfant préfigure un portrait de femme » (Michel Draguet, Portrait de Jeanne Kéfer, Getty Museum Studies on Art, Los Angeles, 2004, p.78). En effet, les symboles de la fleur rouge, du bracelet jonc et de la couleur verte du manteau cristallisent son destin de femme, tout proche. Par ailleurs, les bijoux, les précieux velours et la fourrure, ainsi que les gants sont les attributs qui permettent au sujet d’incarner l’idéal de la femme bourgeoise de la fin du XIXe siècle et reflètent la position de la famille Suys. Les symboles de notre tableau, bien que liés à un vocabulaire iconographique ancestral invoquant mythologie et traditions, sont d’une grande modernité, en accord avec la pensée et la vie de la fin de siècle.
Dans le symbolisme qu’incarne Fernand Khnopff, les symboles ne sont pas démonstratifs mais suggestifs. Ainsi les idées sont-elles délicatement évoquées derrière la réalité. Ici, derrière l’enfant, Khnopff voit la femme.
Un sujet symboliste mi-ange, mi-sphinx:
Cette oeuvre est typique du portrait bourgeois de l’époque, il représente une fillette, angéliquement frangée, d’une grande beauté, coiffée et apprêtée conformément à son rang social. Elle incarne la délicatesse et le raffinement qu’on exige alors d’une fille ou d’une femme. Cela nous renvoie à la figure de l’ange, sage, tendre, belle et poétique incarnant de bonnes valeurs familiales et bourgeoises.
Comme dans la plupart des portraits réalisés par Khnopff, l’arrière-plan est peu définissable. Ici, Yvonne Suys semble baigner dans la composition, l’absence de perspective et le fond grisâtre lui servent de cadre, mettant en avant le sujet, dont le regard transperce le spectateur.
Les figures féminines de Khnopff sont silencieuses, elles s’adressent au spectateur par leur regard. Cela n’est pas sans nous rappeler le personnage de Méduse, figure mythologique possédant le regard perçant le plus célèbre du monde, et qui inspira énormément l’artiste. Ce regard vif et silencieux qui renvoie à la figure de la femme puissante, fatale et tentatrice, est également incarnée chez Khnopff par le Sphinx. On retrouve par ailleurs cette créature mythologique dans de célèbres tableaux de l’artiste: Le vice Suprême de 1885 (D.C/O.Z. n°79), Un ange de 1889 (D.C/O.Z. n°124), ou encore Les caresses de 1896 (D.C/O.Z. n°275, MRBAB inv.6768). Le regard pénétrant d’Yvonne Suys est accentué par sa posture accoudée et légèrement déhanchée qui lui confère une certaine assurance et une allure charmeuse, tel le mystérieux et dangereux Sphinx annonçant sa fatale et légendaire énigme.
_________________________________________________________________________________________
(Commentaar van de kunstexpert: Historische informatie over de representatie van kinderen moet terug in de context van het Europa van de 19e eeuw worden geplaatst; het denken en de gebruiken met betrekking tot de kindertijd en de volwassenheid waren heel anders dan die van onze tijd.)
Yvonne Suys:
Yvonne Suys werd geboren in Brussel in 1883. Ze was de kleindochter van Léon-Pierre Suys (1823-1887), een beroemde Brusselse architect, aan wie we onder meer de Thermen van Spa, het Beurspaleis en het gewelf van de Zenne in Brussel te danken hebben. Zij was de dochter van Paul Suys (1855-1886) en Anna Rittweger (1862-1893) en trouwde in 1904 met Albert Sarens (1878-1922). In 1907 liet het echtpaar een herenhuis bouwen aan de Tervurenlaan 72 in Brussel (het huidige Hôtel Sarens-Suys, vandaag de Brusselse hoofdzetel van Bank Delen). Het echtpaar Sarens-Suys bezat een grote collectie schilderijen, waaronder werken van Jan Brueghel, Louis Artan, Eugène Laermans, Gustave Courbet, Alfred Stevens en Peter Paul Rubens. Yvonne overleed in 1925 in Etterbeek op 41-jarige leeftijd.
Achter het kind de vrouw:
Fernand KHNOPFF was een gerenommeerd portretschilder. Zijn eerste kinderportret exposeerde hij in 1884 ter gelegenheid van de tentoonstelling van Les XX. In 1890 creëerde hij dat van Yvonne Suys, toen 7 jaar oud, volgens foto (nu bewaard in het Archief van de Stad brussel).
De bekendste kinderportretten gemaakt door Khnopff: het portret van Mejuffrouw Van der Hecht in 1883 (D.C/O.Z. n°54, KMSKB inv.3980), het portret van Jeanne Kéfer in 1885 (D.C/O.Z. n°82, Getty Museum inv.97.PA.35), het portret van Simone Héger in 1885 (D.C/O.Z. n°73), het portret van Gabrielle Braun in 1886 (D.C/O.Z. n°92) en het portret van Eugénie Verhaeren in 1888 (D.C. /O.Z. nr. 107). In 1890 maakte Khnopff portretten van andere kinderen, onder meer: Jeanne de Bauer, Albert Braun, Robert Vanderborght, Jules Philippson. Deze door Khnopff geschilderde kinderen zijn doorgaans sober gekleed, eerder als poppen. We merken echter op dat bij de portretten van de kleine Germaine Wiener (gemaakt in 1893, KMSKB inv.10948) en de kleine Yvonne Suys hun kleding minder op die van een klein meisje lijkt dan op die van een vrouw.
Het portret van Yvonne Suys is het eerste portret van Khnopff waarin een bloem verschijnt. Sinds de Renaissance symboliseert de bloem die een jong meisje vasthoudt de maagdelijkheid, vaak op het punt om aangeboden te worden. Khnopff maakt hier deel uit van een lange iconografische traditie. Deze iris, symbool van vrouwelijkheid sinds de Griekse Oudheid, is na het kleine meisje de hoofdfiguur van ons schilderij. Bovendien verwijst de bloedrode kleur naar de menstruatie, dat wil zeggen de leeftijd van de puberteit waarop het kind een vrouw wordt. Deze overgang naar volwassenheid ten tijde van de eerste menstruatie was des te opvallender en belangrijker in de 19e eeuw.
Yvonne Suys draagt ??hier twee juwelen en houdt een paar handschoenen in haar rechterhand. In de 19e eeuw waren dat sterke symbolen van vrouwelijkheid en tekens van sociale rang. Wel verdient de om de rechterpols gedragen armband (vermoedelijk een gesloten slavenarmband) aandacht. Dit type armband was in de 19e eeuw een armband die de kleine armband verving die hij in de kindertijd ontving. Dit juweel neemt ons dan ook mee terug naar de overgang van het kleine meisje naar volwassenheid.
De groene fluwelen jas, afgezet met bont, gedragen door Yvonne Suys, is geen kinderjas maar die van een vrouw. Het kledingstuk roept een hoge sociale status op door de kostbaarheid van de materialen. Khnopff, die geen kleurenschilder is, gebruikt dit over het algemeen om een ??idee door middel van symbolen over te brengen. Traditioneel symboliseert groen namelijk liefde, vruchtbaarheid en hoop. Deze drie concepten waren in de 19e eeuw alles wat ouders voor hun dochter wensten wanneer ze volwassen werd. Dit portret is bijna een gebed voor een goed toekomstig huwelijk.
Volgens Michel Draguet is hier “het portret van een kind een voorbode van een portret van een vrouw” (Michel Draguet, Portrait van Jeanne Kéfer, Getty Museum Studies on Art, Los Angeles, 2004, p.78). De symbolen van de rode bloem, de armband en de groene kleur van de jas kristalliseren haar zeer nabije lot als vrouw. Bovendien zijn de sieraden, het kostbare fluweel en het bont, evenals de handschoenen, attributen die het onderwerp in staat stellen het ideaal van de burgerlijke vrouw van het einde van de 19e eeuw te belichamen en de positie van de familie Suys te weerspiegelen. De symbolen van ons schilderij, hoewel verbonden met een voorouderlijk iconografisch vocabulaire dat een beroep doet op mythologie en tradities, zijn van grote moderniteit, in overeenstemming met het denken en leven van het fin de siècle.
In het Symbolisme dat Fernand Khnopff belichaamt, zijn de symbolen niet demonstratief maar suggestief. Zo worden op subtiele wijze ideeën opgeroepen achter de werkelijkheid. Hier, achter het kind, ziet Khnopff de vrouw.
Een symbolistisch onderwerp dat half engel, half sfinx is:
Dit werk is typerend voor het burgerlijke portret van die tijd: het stelt een klein meisje voor, engelachtig omzoomd, van grote schoonheid, met haartooi en verzorging in overeenstemming met haar sociale rang. Het belichaamt de delicatesse en verfijning die van een meisje of een vrouw worden verlangd. Dit brengt ons terug bij de figuur van de engel, wijs, teder, mooi en poëtisch, die goede familiale en burgerlijke waarden belichaamt.
Zoals bij de meeste portretten van Khnopff is de achtergrond moeilijk te definiëren. Hier lijkt Yvonne Suys ondergedompeld in de compositie. De afwezigheid van perspectief en de grijsachtige achtergrond dienen als kader en benadrukken het onderwerp, wiens blik de kijker doordringt.
De vrouwenfiguren van Khnopff zwijgen, ze spreken de toeschouwer aan met hun blik. Dit doet ons denken aan het karakter van Medusa, een mythologische figuur met de beroemdste doordringende blik ter wereld, en die de kunstenaar enorm inspireerde. Deze levendige en stille blik, die verwijst naar de figuur van de machtige, fatale en verleidelijke vrouw, wordt bij Khnopff ook belichaamd door de Sfinx. Dit mythologische wezen vinden we ook terug op beroemde schilderijen van de kunstenaar: Le vice Suprême uit 1885 (D.C/O.Z. n°79), Un Ange uit 1889 (D.C/O.Z. n°124), of zelfs Les Caresses uit 1896 (D.C/O.Z. nr. 275, KMSKB inv.6768). De indringende blik van Yvonne Suys wordt geaccentueerd door haar leunende en licht wiegende houding die haar een zeker zelfvertrouwen en een charmante uitstraling geeft, zoals de mysterieuze en gevaarlijke Sfinx haar fatale en legendarische enigma aankondigt.
_________________________________________________________________________________________
(Expert's note: Historical information on the subject of the representation of children must be recontextualized in Europe at the end of the 19th century, the thought and customs relating to childhood and adulthood were quite different from our time.)
Yvonne Suys:
Yvonne Suys was born in Brussels in 1883. She was the granddaughter of Léon-Pierre Suys (1823-1887), a renowned architect from Brussels, to whom we notably owe the thermal baths of Spa, the Brussels Stock Exchange and the vaulting of the Senne River in Brussels. She was the daughter of Paul Suys (1855-1886) and Anna Rittweger (1862-1893) and married Albert Sarens (1878-1922) in 1904. In 1907, the couple had a private mansion built on 72 Avenue de Tervueren in Brussels (the current « Hôtel Sarens-Suys », today the Brussels headquarters of Bank Delen). The Sarens-Suys couple owned a large collection of paintings, including works by Jan Brueghel, Louis Artan, Eugène Laermans, Gustave Courbet, Alfred Stevens and Pierre-Paul Rubens. Yvonne died in 1925 in Etterbeek at the age of 41.
Behind the child, the woman:
Fernand KHNOPFF was a renowned portrait painter. He exhibited his first child portrait in 1884 on the occasion of the XX exhibition. In 1890, he painted that of Yvonne Suys, then aged 7, from a photo (now kept in the Archives of the City of Brussels).
The most famous portraits of children made by Khnopff: the portrait of Mademoiselle Van der Hecht in 1883 (D.C/O.Z. n°54, MRBAB inv.3980), the portrait of Jeanne Kéfer in 1885 (D.C/O.Z. n°82, Getty Museum inv.97.PA.35), the portrait of Simone Héger in 1885 (D.C/O.Z. n°73), the portrait of Gabrielle Braun in 1886 (D.C/O.Z. n°92) and the portrait of Eugénie Verhaeren in 1888 (D.C/O.Z. n°107). In 1890, Khnopff produced portraits of other children such as: Jeanne de Bauer, Albert Braun, Robert Vanderborght, Jules Philippson. These children, painted by Khnopff, are usually dressed soberly, and rather dressed like dolls. We note, however, that for the portraits of little Germaine Wiener (made in 1893, MRBAB inv.10948) and little Yvonne Suys, their clothes look more like those of a woman than those of a little girl. The portrait of Yvonne Suys is the first portrait of Khnopff including a flower. Since the Renaissance, the flower held by a young girl has symbolized virginity, often on the verge of being given Khnopff is part of a long iconographic tradition here. This iris, a symbol of femininity since Ancient Greece, is the main character of our painting after the little girl. Furthermore, its blood-red color refers to menstruation, in other words the age of puberty when the child becomes a woman. This transition to adulthood at the time of the first period was all the more marked and important in the 19th century.
Yvonne Suys here wears two pieces of jewelry and holds a pair of gloves in her right hand. In the 19th century, they were strong symbols of femininity and markers of social rank. However, the bracelet worn on the right wrist (presumably a bangle) deserves attention. In the 19th century, this type of bracelet was a bangle which replaced the small bracelet they received in early childhood. This piece of jewelry therefore also takes us back to the young girl’s transition to adulthood.
The green velvet coat trimmed with fur worn by Yvonne Suys is not a child's coat but a woman's. It evokes a high social status through the preciousness of its materials. Khnopff, not using much color in his work, generally adds it to convey an idea through symbol. Traditionally, green symbolizes love, fertility and hope. In the 19th century, these three concepts are everything that parents could wish for their daughter as she enters adulthood. This portrait is almost a prayer for a prosperous future marriage.
According to Michel Draguet: “the portrait of a child prefigures a portrait of a woman” (Michel Draguet, Portrait of Jeanne Kéfer, Getty Museum Studies on Art, Los Angeles, 2004, p.78). The symbols of the red flower, the bangle bracelet and the green color of the coat crystallize her close destiny as a woman. Furthermore, the jewelry, the precious velvet and fur, as well as the gloves are all attributes of the upper class ideal of the end of the 19th century. Thus, underlining the position of the Suys family. The symbols of our painting, although linked to an ancestral iconographic vocabulary invoking mythology and traditions, are of great modernity, in accordance with the thought and life of the fin-de-siècle.
In the Symbolism embodied by Fernand Khnopff, the symbols are not demonstrative, but suggestive. Thus, the ideas are delicately evoked behind the reality. Here, Khnopff sees the woman behind the child.
A symbolist subject that is half-angel, half-sphinx:
This work is typical of the upper class portrait of the time. It shows a young girl, angelically fringed, of great beauty, with sophisticated hairstyle and groomed in accordance with her social rank. She embodies the delicacy and refinement that is required of a girl or a woman. This brings us back to the figure of the wise, tender, beautiful and poetic angel personalizing good family and upper class values.
As in most of the portraits painted by Khnopff, the background is difficult to define.Yvonne Suys seems to be immersed in the composition. The absence of perspective and the grayish background serve as a frame, highlighting the subject, whose gaze pierces the viewer.
Khnopff's female figures are silent, they address the viewer with their gaze. This reminds us of the character of Medusa, a mythological figure with the most famous piercing gaze in the world, and who greatly inspired the artist. This lively and silent gaze which refers to the figure of the powerful, femme fatale and temptress is also embodied in Khnopff by the Sphinx. We also find this mythological creature in the well-known paintings by the artist: Le vice Suprême from 1885 (D.C/O.Z. n°79), Un ange from 1889 (D.C/O.Z. n°124), or even Les caresses from 1896 ( D.C/O.Z. n°275, MRBAB inv.6768). Yvonne Suys' penetrating gaze is accentuated by her leaning and slightly swaying posture which gives her a certain confidence and a charming appearance, like the mysterious and dangerous Sphinx announcing her fatal and legendary enigma.
Lot 447 : 17000 €

Vente BANDES DESSINEES du 24-09-2017
Astérix : La Serpe d'or, édition originale de 1962 (Pilote). Album exceptionnel. Etat neuf.
Lot 254 : 20000 €

Vente Vente 22 du 27-11-2011
Hergé : Tintin, ensemble des 10 lithographies WWF réalisées en 1981 : Tintin au pays des Soviets, Tintin en Amérique, Tintin au Congo, Le Trésor de Rackham le rouge, Le Temple du soleil, On a marché sur la lune, L'Affaire Tournesol, Coke en stock, Tintin au Tibet et Vol 714 pour Sydney. Toutes signées. Rare série d'auteur numérotée sur 50. 5 lithographies encadrées. Dimensions : 70 x 100. Etat neuf.
Lot 541 : 15500 €

Vente Vente 47 du 04-12-2016
Vance : XIII, planche n°11 à l'encre de Chine de l'épisode "Lâchez les chiens !" publié aux Editions Dargaud en 2002. Ce quinzième opus de cette série est un redoutable mélange d'action et d'intrigue. Traqué par les tueurs de la NSA et la très belle Jessica Martin, le célèbre amnésique tente de rejoindre par tous les moyens ses amis au Costa Verde. Cette composition intense au découpage cinématographique anxiogène décrit la lutte entre la vénéneuse tueuse et le héros. Cette course poursuite nocturne sur les toits du train est une véritable scène d'anthologie mise en valeur par les thèmes chers à l'artiste à savoir l'action et le déchaînement des éléments naturels. Le graphisme de l'auteur traduit à merveille le rythme frénétique de cette planche d'exception. Signée. Dimensions : 36,5 x 51.
Lot 29 : 38000 €

Vente Collections & Successions de Belgique du 19-03-2020
Chine, période République (1912-1949)
Paire de grands vases tianqiuping en porcelaine polychrome, aux neuf pêches de longévité décorés également, en miroir, de branches fleuries et de chauves-souris en vol
Marque Qianlong apocryphe en bleu sous couverte
H: +/- 55 cm (hors socles en bois sculpté)
Lot 186 : 8500 €

Vente Collections & Successions de Belgique du 19-03-2020
Alphonse MUCHA (1860-1939)
La plume et La primevère
Paire de chromolithographies sur papier collé sur toile
Signées dans la planche Mucha et datées (18)99
72 x 27 cm
(pliure horizontale sur chacune)
Lot 32 : 34000 €

Vente 50 Bijoux et leur histoire du 08-10-2024
PERLES FINES
Clips d'oreilles en or blanc 18k (750 millièmes) et argent orné de diamants tailles anciennes (old mine, old European, Mazarin, Peruzzi, éclats de diamants facettés) retenant deux perles fines en forme de poire. Présence de petites fissures sur les perles. Provenance d'une famille noble de Belgique. Rapport d'analyse gemmologique nr. 412494 du LFG du 20/09/24 indiquant que les perles d'eau de mer en forme de goutte sont fines, sans indication de traitement. Couleur blanc crème et lustre bon.
Dimensions des perles :
env. 15,3 x 10,5- 10,7 mm.
env. 15,2 x 10,5- 10,5 mm.
Hauteur : 4,4 cm.
Poids brut : 8,8 g.
Qui ne connaît pas la jeune-fille à la perle de Vermeer ? On voit une jeune femme poser pour le peintre et illuminée par une perle naturelle en poire qui capte la lumière. Il faut savoir que les perles en forme de poire de grande taille (de plus d'un centimètre) sont rares surtout dans les perles fines d'eau de mer, qui ont grandi sans aucune intervention humaine. Si la perle ronde, parfaitement ronde et lisse au regard, est la perle de référence qui coûte le plus cher, la perle en forme de poire peut atteindre voire dépasser le prix de la perle ronde car il est très compliqué de faire un appairage. Il faut parfois des années pour trouver deux perles fines en forme de goutte, de la même couleur, à la forme très proche et de dimension équivalente. Quand les perles sont fines, on les appelle une Union d'Excellence !
Lot 64 : 15000 €

Vente Vente 31 + 64 Jouets de collection du 15-09-2013
Vichy Tri-Boulet (France) : Clown automate sur son échelle animé par un mouvement d'horlogerie avec boîte à musique dans le socle (80 cm). Fabrication fin XIXe siècle. Très bon état de fonctionnement. C'est en 1862 que Gustave Vichy et son père Antoine érigent l'atelier "Vichy et Compagnie" spécialisé dans la fabrication d'horloges et objets similaires. Après le décès de son père, Gustave reprend en main l'atelier et s'installe dans le Quartier du Marais. En 1893 son fils Henry prend la direction de l'atelier. La même année Gustave et Henry exposent à l'Exposition Universelle de Chicago alors que Gustave devient Président de la Chambre Syndicale des Fabricants de Jouets et de Jeux. Sous la direction d'Henry des mécanismes du phonographe Lioret sont incorporés aux automates ce qui leur permet de parler et même chanter. Après la mort d'Henry, c'est Auguste Triboulet, premier maître-ouvrier à la maison Vichy, qui continue les activités de la société pour finalement vendre l'atelier en 1930 à J.A.F. ("Les Automates à Liège - Espaces-Rencontre du Crédit à l'Industrie - 5 mars au 29 mai 1994", Liège, Patrick Leveaux Organisation, Collection Christian Bailly, Fondation Art Expo, 1994, in 4 brochage d'édition, p. 21-22). Voir une vidéo de l'automate en action sur Youtube : http://youtu.be/ATsZCsDlrrk
Lot 158 : 8200 €

Vente Joaillerie et Horlogerie du 01-12-2021
BULGARI
Etui à cigarettes en or jaune 18k (750 millièmes) décoré d'un mouvement godronné à rayons concentriques sur l'extérieur de la boîte. L'intérieur est en or lisse avec "Bulgari" gravé sur un des bords, le poinçon du titrage du Caire en Egypte pour l'or 750 millièmes, le poinçon ibis du gouvernement égyptien (d'application tout le vingtième siècle) et le A de l'année 1950 (N étant la référence de l'année 1938). Le couvercle supérieur est orné de ce qui pourrait être un Statere de Philippe II de Macédoine. Bulgari avait l'habitude de monter des pièces de monnaies antiques authentiques. Au revers une tête laurée d'Apollon juvénile. Au revers, l'inscription en grec "Philippoy" et un aurige conduisant deux chevaux, sous les pattes avant, le signe du trident. La boîte ressemble fortement à un étui de 1939 conservé dans les archives de la "Vintage Collection" de la Maison.
Dimensions : 8 x 6 x 9,4 cm.
Poids brut : 124,5 g.
Bibliographie : TRIOSSI A., BVLGARI, 125 ans de magnificence italienne, Milan, 2010, p. 183 et p. 351.
Lot 239 : 10000 €

Vente Collections & Successions de Belgique du 29-04-2019
Auguste MAMBOUR (1896-1968) & Georges CHAUDOIR (1890-1969)
Danseuses africaines
Tapisserie en laine
Signé en bas "A.Mambour pinxit" et "G.Chaudoir excudid 1937"
Cartouche BB à l'écusson des maitres tapissiers bruxellois en bas à droite (Bruxella in Brabantia)
198 x 95 cm
Réduction de chaine: env. 6 fils/cm
Cette tapisserie fut probablement présentée en 1937 à l'Exposition Universelle de Paris, au pavillon du Congo Belge.
Il s'agit d'une oeuvre à quatre mains: Chaudoir créé la tapisserie à partir d'un carton de Mambour démontrant aussi bien son trait caractéristique et un de ses sujets de prédilection, le monde colonial.
Une huile sur papier de l'artiste aux dimensions similaires présentant le même sujet où les femmes regardent vers la droite est passée en vente publique en février 2018. La transposition de cette épreuve en tapisserie entraine mécaniquement son "inversion".
Lot 75 : 100000 €

Vente BANDES DESSINEES du 08-12-2024
Hergé : NEUJEAN (1923 - 2018) : Le monument Tintin et Milou en pieds, sculpture en bronze selon la technique dite « à la cire perdue », 1976, n°HC 1/1, 186 cm (avec socle), cachet de la fonderie Pinella de Andreïs et Figli à Milan sur la tranche du socle, signée Neujean Nat.
En 1947, «Les Amitiés Belgo - Françaises» firent appel à Nat Neujean pour réaliser un buste d'André Malraux. Connaissant l'admiration de Malraux pour Tintin, l'Ambassade de France conseilla à Neujean de se rendre chez Hergé. C'est à partir de cette date que se nouera entre le sculpteur et Hergé une amitié réciproque. Vers 1951, Hergé et les Editions du Lombard eurent l'idée de commercialiser des figurines en vinyle des personnages de Tintin avec la société de jouets pour enfants MIRIM. Ils proposèrent à Nat Neujean de réaliser les modèles en plâtre. A partir de dessins qu'Hergé lui avait fournis et après de nombreuses entrevues, Nat Neujean modela la première sculpture de Tintin de 20 cm de haut. Le père de Tintin et Milou fut très surpris du résultat : il découvrait pour la première fois son héros en trois dimensions ! Peu de temps après, Hergé commanda à Nat Neujean un buste de Tintin de 40 cm de haut, taillé en pierre de France. Celui-ci trônera fièrement sur le bureau d'Hergé à partir de 1954. En 1958 toujours à la demande d'Hergé, Nat Neujean réalisa son portrait en bronze.
En 1975, à l'occasion du 30e anniversaire du Journal Tintin, Raymond Leblanc (Directeur des Éditions du Lombard) et Guy Dessicy (Publiart) ont l'idée de faire une surprise de taille à Hergé : une statue en pied de Tintin et Milou de plus d'un mètre quatre-vingt ! Et c'est tout naturellement que sa réalisation fut confiée à Nat Neujean. Un mois sera nécessaire à Neujean pour réaliser l'œuvre finale de 180 cm de haut. Quant à Milou l'entreprise fut plus complexe, le modèle (le chien d'Alain Baran, secrétaire particulier d'Hergé) ne se montra pas très docile, mais Neujean tenait à avoir un vrai chien en face de lui, afin de donner à Milou une touche plus personnelle. Le compagnon de Tintin sera placé à côté de lui, mais tournera le dos à son maître témoignant de sa propre existence et de son indépendance. Le monument fut inauguré le 29 septembre 1976, en présence d'Hergé et de Nat Neujean, au parc du Wolvendael à Uccle. Après plusieurs tentatives de vol et de dégradations, le monument fut placé en lieu sûr au Centre Culturel d'Uccle, où l'œuvre peut toujours être admirée aujourd'hui.
Nat NEUJEAN (de son vrai nom Nathanaël Neuman) est né à Anvers le 5 janvier 1923 et décédé à Bruxelles le 4 février 2018. À 14 ans, il occupe un atelier à Anvers où il s'initie à la sculpture. Il est accepté comme élève libre à l'Académie des Beaux-Arts de cette ville, durant les années 1939 à 1942. En 1942, les autorités allemandes exigent l'expulsion des étudiants belges d'origine juive des lieux d'enseignement. Nat Neujean quitte Anvers et réside à Bruxelles où il travaille tout en vivant dans la clandestinité. Il prend, sur les conseils d'un ami résistant, le nom de Neujean. Après la guerre, il s'établit à Paris pendant les années 1946 et 1947, puis retourne à Bruxelles où il s'installe définitivement. C'est de cette époque que datent ses premières commandes et ses premiers portraits, parmi lesquels ceux d'Hergé, André Malraux et Ben Gourion. Fortement éprouvé par les horreurs de la deuxième guerre mondiale, il commence les études préliminaires à «la Mémoire de la Déportation» à laquelle il consacrera une grande partie de son œuvre. Les victimes de l'Holocauste resteront omniprésentes dans son travail, offrant une image bouleversante de ces figures fantomatiques, destinées à la destruction totale. Une première exposition à New York en 1964 est suivie d'une rétrospective au Musée des Beaux-Arts de Boston et d'une invitation à enseigner comme professeur étranger à la Fine Art School de l'Université de Boston. Par la suite, les sculptures de Nat Neujean seront exposées tout au long de la deuxième moitié du XXe siècle au travers les États-Unis, le Canada et l’Australie. La Belgique, les Pays-Bas, la France, l'Italie et l'Angleterre lui ont aussi consacré à de nombreuses reprises des expositions. Neujean est reconnu également comme portraitiste de personnalités tels que Paul Delvaux, Robert Schuman, Trammell Crow, Frank Stanton (Président de la Croix Rouge), Giacomo Manzu ou Henri Moore. Il est élu membre de l'Académie Royale de Belgique en 1972, et directeur de sa classe en 1978. Il est élu membre correspondant de l'Accademia Nazionale di San Luca di Roma en 1995. Nat Neujean travailla depuis 1955 exclusivement avec la Fonderie De Andreis à Milan.
Lot 237 : 15000 €

Vente Tableaux & Objets d'Art du 01-04-2025
Maillot de Champion du Monde remporté par Eddy Merckx le dimanche 29 août 1971 sur le circuit de Mendrisio
Signé au feutre par Eddy Merckx
Encadré sous verre (encadrement: 87 x 87 cm)
Provenance : Acquis par l'actuelle propriétaire à l'occasion de la vente caritative du 4 décembre 1990 au profit de l'ASBL Facere (Bruxelles).
Cette pièce iconique fait tout particulièrement écho à l'actualité, suite à la sortie du long métrage "Merckx" le 26 février dernier.
Le 29 août 1971, Eddy Merckx, déjà surnommé "Le Cannibale" pour son insatiable soif de victoires, s’impose magistralement lors des Championnats du Monde de Cyclisme sur Route à Mendrisio, en Suisse. Ce jour-là, dans un circuit vallonné de 17,6 km, répété pour atteindre 268,8 km, Merckx démontre une fois de plus sa supériorité. Dans l’avant-dernier tour, après un travail acharné de son coéquipier Pintens, il attaque et prend une avance décisive. L’Italien Felice Gimondi tente de suivre, mais connaît déjà son sort, face à Merckx, il n’a aucune chance. À l’arrivée, le Belge l’emporte avec brio, dans un décor où 60 000 spectateurs assistent, médusés, à une démonstration de force.
Cette victoire est symbolique, c’est le 2e titre mondial de Merckx après celui de 1967. Cette saison 1971 reste mythique avec 54 victoires à son actif, dont Paris-Nice, Milan-Sanremo, Liège-Bastogne-Liège et bien sûr le Tour de France. Ce championnat du monde à Mendrisio vient sceller une année exceptionnelle, où Merckx, confirme sa domination absolue du cyclisme.
Le maillot arc-en-ciel qu’il remporte ce jour-là est un symbole. Les cinq bandes colorées (bleu, rouge, noir, jaune et vert) rappellent les couleurs olympiques et honorent les champions du monde. Ce modèle, signé au feutre par Eddy Merckx lui-même, est une pièce rare, un véritable objet de collection. À cette époque, Eddy roule sous les couleurs de l’équipe Molteni, une équipe italienne légendaire qui accompagne ses plus grandes réussites.
« Les belles choses me plaisent », disait Eddy Merckx. Et ce maillot en est une, il incarne non seulement la beauté de la performance sportive, mais aussi l’histoire d’un champion inégalé, qui repoussait sans cesse ses limites.
Lot 274 : 100000 €

Vente Collections belges et luxembourgeoises du 20-06-2021
Robert COMBAS (1957)
Variations in four mineures, 1988
Assemblage de femmes nues de plusieurs couleurs différentes. Une violette auto-transparente, une jaune gymnastique avec siège de tête. Une perte alchimique et une rose gaine à longs cheveux de danser et de tournicoter. Tournicotteuse derviche danseuse avec le bout des pieds elle fait le toupier qui s'oublie. Plus de temps, plus d'espace, elle est dans une autre dimension, aussi neutre que la Suisse, sinon plus bien entendu.
Acrylique sur toile
Signé et daté en bas à droite « Combas 88 »
134 x 155 cm
Provenance: Collection particulière, Belgique
Cette oeuvre est répertoriée dans les archives de l'atelier Robert Combas, que nous remercions pour les informations aimablement transmises.
Nous remercions Robert Combas de nous avoir indiqué le titre complet de cette oeuvre.
Robert Combas est une des figures de proue de la Figuration Libre (terme inventé par Ben Vautier) aux cotés d’Hervé Di Rosa, François Boisrond, et Rémi Blanchard. Nous sommes au début des années 1980, au même moment aux USA émergent leurs homologues du Bad Painting: des certains Jean-Michel Basquiat, Keith Haring et Kenny Scharf.
En réaction contre l’art minimaliste intellectuel des années 1970, ces artistes de la Figuration Libre puisent leurs inspirations dans la culture pop, les graffitis, la bande dessinée, la musique rock, les Arts Premiers ou encore l’Art Brut. La volonté de Combas est claire: peindre en toute liberté, se révolter, choquer, sans hiérarchiser les cultures et sans recherche de sens. Ici notre oeuvre s’inscrit dans cette ligne, tout de son univers est là. Les thèmes du mouvement et de l’érotisme sont les thèmes de la liberté et de l’inconvenance par excellence.
Des sujets chers à l’artiste, presque une signature tant ils cristallisent son art.
« La Figuration Libre, c’est faire ce qu’on veut le plus possible, le plus personnellement, le plus librement […] La Figuration Libre, c’est quand je fais une bande dessinée avec un héros rigolo et que le lendemain matin je laisse tout tomber pour faire une grande toile sur la bataille de Waterloo. » Robert Combas.
Lot 436 : 7000 €

Vente BANDES DESSINÉES du 15-06-2025
Hergé : Tintin, Le Sceptre d'Ottokar en édition originale noir & blanc de 1939 (avec HT) agrémenté d'une illustration à la plume représentant le Professeur Halambique, signée. État moyen.
Léon Goetgeluck, créateur et artiste, fut une relation amicale d'Hergé. Son fils Ywan, lecteur assidu du héros, reçu quelques cadeaux d'anthologies. On se souvient en effet de cette couverture du Petit vingtième datée du 10 février 1938, celle dans laquelle on découvre Tintin face au gorille, dédicacée à son nom. En 1939, le jeune garçon eu le plaisir de découvrir en ouvrant le nouvel album, à savoir "Le Sceptre d'Ottokar", le portait du nouvel héros : le Professeur Halambique. C'est donc un dessin d'une rareté absolue que nous proposons pour la première fois en 20 ans.